Vous devez faire un commentaire de texte en droit constitutionnel ou en histoire du droit mais vous ne savez pas comment faire, ni par où commencer ? Vous êtes au bon endroit.

La méthodologie juridique du commentaire de texte impose, comme les autres exercices, de respecter des étapes pour poser son raisonnement

De l’introduction aux développements et sans conclusion, cet exercice juridique impose un esprit d’analyse et de solides connaissances pour être mené à bien.

Pour avoir une bonne note en commentaire de texte juridique, voici la méthodologie détaillée, étape par étape.

C’est quoi un commentaire de texte en droit ?

Comment pourriez-vous réussir un commentaire de texte en droit si vous n’en comprenez pas le but ? Définissons-le pour mieux en saisir l’intérêt !

La définition du commentaire de texte juridique

Commenter signifie « faire des remarques ou des observations ». 

Vous le savez bien, puisque vous commentez les photos de votre crush dans l’espoir qu’il vous remarque ou de votre BFF parce qu’elle est vraiment trop belle. Bref, vous savez le faire lorsqu’il s’agit des réseaux.

C’est à peu près la même chose qui est attendue, le même engouement doit vous envahir à la lecture du texte juridique. Vous devez produire des explications et faire des remarques sur le document soumis à votre étude. 

Quel est le but d’un commentaire de texte juridique ?

Non, ce n’est pas de caser le cours dans des cases. Pas plus qu’en dissertation. Lorsqu’on vous soumet un commentaire de texte, on attend de vous une analyse pointilleuse des thèses juridiques en présence

Il s’agit d’expliquer le texte et les enjeux qu’il soulève en structurant le propos, à partir des connaissances.

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Quelles sont les attentes pour un commentaire de texte juridique ?

Il y a 3 composantes indispensables pour réussir un commentaire de texte en droit. Pour la faire courte : 

  • Structurer → les idées doivent être ordonnées pour donner un sens au raisonnement.

La méthodologie a pour finalité de vous aider à organiser vos pensées. 

Il ne s’agit pas de remplir des cases, mais d’être ordonné.

  • Expliquer → il faut expliquer les enjeux soulevés par l’auteur.

Il ne s’agit pas de recopier le texte

Il faut lui donner un sens.

  • Argumenter → il faut faire le lien entre les thèses de l’auteur et le cours. Le texte doit être inscrit dans un courant juridique (vous faites du Droit, non ?). 

Vous critiquez avec des arguments.

C’est tout l’intérêt de l’exercice juridique. Votre note dépend majoritairement du raisonnement. C’est-à-dire cette capacité à réfléchir pour parvenir à une conclusion en utilisant vos connaissances. On a dit « utiliser » pas recopier.

methode commentaire de texte en droit 1

Quelles sont les étapes d’un commentaire de texte en droit ?

Vous vous demandez sûrement comment faire un commentaire de texte en Droit ? Il y a des étapes à respecter, comme pour tout exercice juridique. C’est la fameuse méthodologie qui vous permettra de décrocher de bonnes notes !

Elle impose au préalable de poser son raisonnement pour introduire le sujet et de rédiger le devoir avant de le relire. Les deux premières étapes se passent au brouillon.

Sinon, vous risquez de faire un hors sujet ou pire*, réciter votre cours (on n’est pas en train d’apprendre les Fables de La Fontaine !).

*Bravo à ceux qui auront eu la référence : Hermione Granger, Harry Potter à l’école des sorciers 🤓.

Comment préparer son commentaire de texte en Droit ?

Le matériau de base de votre travail est 🥁roulement de tambours 🥁 le texte ! Il faut donc l’analyser le plus minutieusement possible : son type, son contexte et son contenu ! Rien que ça ! 

Cette réflexion générale se fait au brouillon.

Quels sont les textes juridiques ?

C’est quoi un texte juridique ? Est-ce qu’un commentaire d’article est un commentaire de texte ? On ne fait pas durer le suspens plus longtemps : bien sûr. Un article de loi est un texte, comme un article de doctrine ou encore un extrait d’un rapport parlementaire.

Bref, il existe une infinité de textes juridiques susceptibles de vous être soumis. Devinez quoi ! Un arrêt est également un texte. Mais, il a une méthodologie juridique propre.

Donc vous retrouvez parmi les textes susceptibles d’être donnés au commentaire : 

  • Articles de loi, de décret ou d’arrêté (norme) ;
  • Extrait d’un projet de loi ;
  • Extrait d’article de revue juridique (doctrine) ;
  • Extrait d’ouvrage juridique (doctrine) ;
  • Extrait de rapports (parlementaire, autorités administratives indépendantes, Conseil d’État) ;
  • Extrait d’un discours (doctrine).

Vous l’avez compris, ils sont divers et variés. Il y en a pour tous les goûts ! Mais, comment déterminer la nature d’un texte juridique ? Pour les articles de normes, les extraits de rapports ou encore les discours, c’est assez simple. Le contenu le précise.



En revanche, pour savoir si le texte constitue un extrait d’ouvrage ou d’article, il faut être un bon Holmes (comme d’habitude on vous laisse le choix entre Enola et Sherlock 🧐).

Par exemple, un extrait de revue sera présenté de la manière suivante : 

  • A. W. P. B. Dumbledore, « Dix usages du sang de licorne », Gaz. Poud., 1810, n° 7, pp. 7-14. 

Si vous n’avez pas l’intégralité de la référence, peu importe, si l’intitulé est entre guillemets, c’est un article de revue.

         Un extrait de livre sera indiqué ainsi : 

  • J. Goldeberg, Comment stalker efficacement en 10 leçons, PULA, 2020, New York, pp. 21-28.

Même chose, il se peut que vous n’ayez pas la source intégrale. No problema, si le titre est en italique, c’est extrait d’un ouvrage.


Comment contextualiser un texte juridique ?

  • L’indice le plus important est, sans conteste, la date ! 

Elle vous permet de situer le texte dans un contexte temporel qui vous permettra de l’inscrire dans la chronologie de votre cours. Il s’agit du premier élément à analyser !



Par exemple, un rapport parlementaire édicté en 2019 à propos d’une loi encadrant les manifestations vous laisse comprendre qu’il y a tout un contexte protestataire derrière (vous vous souvenez sûrement des Gilets jaunes, non ?). Ces éléments viendront nourrir votre introduction. 

L’article 1128 du Code civil dans sa rédaction issue de la réforme du 10 février 2016 vous impose de rappeler qu’il fait suite à de profonds changements dans la matière, et d’expliquer les causes de ce remaniement. 

Bref, les dates font la différence !


  • L’auteur a son importance. 

Il peut s’agir d’une grande figure d’une époque (Coucou le Discours de Bayeux de 1946 du Général de Gaulle), ce qui donne plus d’importance au texte. 

Il peut également être un universitaire qui a une position doctrinale controversée ou au contraire largement répandue. Qui a marqué son époque ou une thématique spécifique.

Si l’on vous soumet un texte de MM. les professeurs D. Rousseau ou M. Germain, vous devez immédiatement vous remémorer leurs grands apports doctrinaux (comme la démocratie continue 🫶). 

Les éminents universitaires sont nombreux et il aurait été difficile d’être exhaustifs. À vous de bien étudier vos cours (et vos plaquettes de TD, sortez la loupe 🔎) pour avoir en tête les personnalités.


  • La revue/le livre peuvent être révélateurs. Élémentaire mon cher Watson.

S’il s’agit d’un extrait d’un grand classique des études de Droit, autant vous dire qu’il sera important d’en faire mention

Léviathan, Les animaux fantastiques : vie et habitat, Théorie pure du Droit, Du contrat social, De l’Esprit des lois, Traités de législations civile et pénale, Des délits et des peines, Harry Potter à l’école des sorciers

Logiquement, à la lecture de ces noms mélodieux, vous devriez savoir quels sont les auteurs ! Sinon, revoyez vos classiques. 

Comment pourriez-vous réaliser un commentaire digne de ce nom à propos de la théorie selon laquelle Lockhart est un escroc (c’est même mieux dit par Harry : « un imposteur ! »), sans inscrire l’extrait dans un contexte plus large… Voyons, élémentaire, non ?



💡S’il s’agit d’une loi codifiée, indiquez quand quelle partie du code elle se trouve. Par exemple, si vous devez commenter l’article 121-3 du Code pénal, il se trouve dans le titre II « De la responsabilité pénale ». 

Vous comprenez donc que c’est un article d’ordre général qui apporte des informations relatives à la responsabilité !


  • La valeur du texte est un indice important. 

Cet élément impose de répondre à la question de savoir quel est le texte le plus important juridiquement. On vous rappelle de bons souvenirs pour ceux qui ont déjà passé la L1 Droit, n’est-ce pas ? Kelsen, tout ça ! Vous pensiez vraiment qu’on vous enseignait des théories de hiérarchie, de pyramide ou d’hexagone pour le plaisir ? Évidemment, non. Ces connaissances sont élémentaires ! 

Elles fondent vos analyses méthodologiques. 

Elles ne servent pas qu’à décrocher une bonne note au partiel en L1 puis 🪄obliviate (🪄oubliettes pour ceux qui n’écoutent pas la VO, ne soyez pas de Lockhart vous aussi) !

Parce qu’on sait être généreux, on vous renvoie à cet article sur la pyramide de Kelsen. En plus, vous aurez souvent des commentaires de texte en Droit constitutionnel, pourquoi s’en priver ? 

methodologie commentaire de texte

Comment analyser le contenu du texte juridique ?

Vient l’étape la plus importante, celle qui vous permettra d’établir le lien entre les connaissances et le texte.

Comment pourriez-vous commenter sans avoir suffisamment de connaissances ? Ça n’aurait pas grand intérêt. Peu de profondeur. Peu d’attrait. Bref, on ne daterait pas votre devoir, même si on était payés pour le faire. 

Pour fonder la relation entre cours/texte, plusieurs éléments sont à étudier : 

  • Le titre du texte → il permet de savoir immédiatement l’enjeu.

Si vous commentez un article de loi, par exemple, l’article 1132 du Code civil, il faudra voir dans quelle partie du code il se situe. Dans notre cas « Des sources d’obligations/Le Contrat/ La formation du contrat/ La validité du contrat/ Le consentement/ Les vices du consentement. 

Analyser ce découpage permet de mieux inscrire le texte dans son cours et ainsi de bien utiliser ses connaissances.


  • Le champ lexical utilisé par l’auteur → vous étudiez des mots, et chaque terme à un sens. Examinez la sémantique pour comprendre dans quelle position se situe l’auteur.

Par exemple, s’il parle d’influence, de subordination, de hiérarchie, d’arme, de militarisation du système dans un texte qui traite des rapports président/Premier ministre ; vous comprenez qu’il fait état d’une situation d’adversité

Sa position sur le sujet est plutôt évidente.


  • Le thème principal du texte → faites le lien avec le titre et notez plus en détail ce que le rédacteur fait ressortir. 

S’il s’agit de nos rapports PDR/PM, il met peut-être en exergue la présidentialisation des institutions en pratique, en dépit de la lettre de la Constitution. Simple suggestion. Il peut évidemment aller à contre-courant et estimer que le PM est dans un rapport de force, s’imposant au PDR (sous cohabitation uniquement, dans les autres cas, on a du mal à voir comment il pourrait l’établir).

S’il s’agit d’un commentaire d’article, par exemple, qui porte sur l’article 1132 du Code civil, le thème principal est l’erreur.


  • Les sous-thèmes développés → pensez-vous qu’un enjeu pourrait être développé sans s’appuyer sur d’autres idées ? La réponse est non. 

Les auteurs enrichissent leur propos par des arguments qui soulèvent d’autres sous-enjeux. 

Si le thème principal du texte est sur les rapports PDR/PM, les sous-thèmes peuvent être le fait majoritaire, la cohabitation ou encore les élections à la proportionnelle. 

Bref, analysez les sous-idées dégagées par l’auteur pour appuyer ses arguments et notez-les au brouillon, dans des cases distinctes.



Une fois ces indices réunis, chers Sherlock en puissance, vous pourrez établir une liste de mots-clés (ou expressions). Il est question de relever tous les éléments du cours qui vous viennent en tête après avoir établi tous les éléments précédents : 

  • Dates ;
  • Définitions ;
  • Concepts ;
  • Articles de lois/décrets ;
  • Jurisprudences ;
  • Situations pratiques (on pense tout à fait aux cohabitations, oui) ;
  • Théories doctrinales.

Vous savez quoi ? Vous avez déjà fait 60 % du travail si vous respectez ces précieux conseils. Incroyable, non ?

Comment faire une introduction de commentaire de texte juridique ?

La méthodologie du commentaire de texte en Droit impose certains éléments incontournables pour faire une bonne introduction : 

  • Accroche ;
  • Présentation du texte ;
  • Contextualisation du texte ;
  • Enjeux en présence 
  • Problématique ;
  • Plan.

Avec tous ces items, c’est APPPEC (impec’ version commentaire de texte 😏).


Pour plus de facilité, découpons l’introduction en 3 blocs comme nous l’avons fait pour la dissertation juridique.

Il faut d’abord présenter le texte (qui), avant de le contextualiser (pourquoi) pour dégager la problématique* (quoi) après avoir établi son intérêt (pourquoi).

*Et le plan évidemment ça va de pair, comme les chaussettes, même si en vrai, une seule suffit à libérer les elfes de maison de l’emprise de leurs maîtres. Mais, sérieux, qui n’est pas ennuyé quand l’une disparaît pour toujours ?

On n’a toujours pas décollé du brouillon, rappelons-le. Les différents éléments à établir devront l’être par mots-clés pour éviter une perte de temps. Vous ne rédigez pas encore.

Bloc 1. La présentation du texte juridique : « QUI EST CE TEXTE »

Pour faire simple, répondez à cette question en mettant en avant tous les attributs, les meilleurs, les plus beaux, ceux qu’on ne décèle pas forcément à l’œil nu pour donner envie d’en apprendre plus.

La phrase d’accroche

Pour charmer* le lecteur, l’accroche doit laisser immédiatement comprendre le thème et les enjeux soulevés par le texte.

*Oui on recommence avec ce champ lexical, analysez nos articles, vous verrez, on apprécie 😏. Allez, proposez-nous une analyse en 2 parties et 2 sous-parties.

Quelles sont les phrases d’accroche ? 

  • Historique → le texte s’inscrit peut-être dans un contexte historique. Pourquoi en priver le correcteur ? Il aime les histoires !

Par exemple, le Discours de Bayeux précède de quelques mois l’adoption de la Constitution de la IVe République, et suit le rejet du projet d’avril 1946. Sympa de le préciser non ?

Vous pouvez même aller plus loin et indiquer qu’il n’a pas inspiré les constituants en 1946, mais son essence se retrouve en revanche marquée dans la Constitution du 4 octobre 1958. 


  • Actualité → faire le lien entre le contenu du texte et une actualité. 

Vous commentez, par exemple, en L1 Droit, l’article de E. Balladur « L’ambivalence des institutions : les deux tentations », Le Monde, 16 sept. 1983. 

L’auteur estime qu’un président de gauche peut cohabiter avec une majorité opposée, sans avoir à changer ni la Constitution ni la loi électorale. Génial, faites le lien avec les dernières élections législatives (on n’a pas de cohabitation, mais ça a bien fait parler. Saisissez les perches qu’on vous tend).


  • Citation → auteur de doctrine ou plus littéraire si toutefois elle permet de mieux comprendre les enjeux soulevés par l’auteur.

Si vous empruntez* l’idée, la punchline d’un auteur, citez-le. Il faut donc savoir d’où vient la réplique incroyable que vous venez de trouver sur le site de M. Toulemonde. Enfilez de nouveau votre costume de Holmes, et cherchez-en la source.

*Oui, on ne vole pas, jamais, c’est interdit par les codes pénal et de la propriété intellectuelle, à condition, évidemment que l’œuvre soit originale. Si vous reprenez une idée générale produite par l’intégralité de la doctrine, on le comprendra facilement. Ne citez donc pas l’intégralité des auteurs. 

Dans le cas contraire, si elle est originale et unique, donnez le nom de son auteur et l’œuvre dont elle est extraite. Sachez que les abréviations  « M./Mme » sont de rigueur si les auteurs sont encore vivants. N’enterrez donc pas des personnes qui n’ont rien demandé, en oubliant ces marques de civilité.


  • Données juridiques/économiques/sociologiques → article de loi/jurisprudence ou encore données chiffrées dont la source est fiable (donc, l’étude qu’a fait le site de M. Toulemonde sur le % de chance qu’une cohabitation survienne est 2027 est à proscrire).


La question qui revient souvent est de savoir comment trouver une bonne phrase d’accroche en droit. Pas de secrets : 

  • Lisez vos plaquettes de TD, les livres recommandés dans les bibliographies des enseignants ; 
  • Cultivez-vous, soyez aux aguets de l’actualité ;
  • Faites des recherches ; 
  • Notez toutes les citations qui retiennent votre attention (TD/CM).

Vous voilà armés pour faire une bonne phrase d’accroche en Droit !

⚠️ Les éléments ci-après ne sont pas nécessairement à énoncer dans cet ordre. À vous de proposer la meilleure chronologie pour que votre introduction soit fluide et forme un bel entonnoir.

La date

Pas compliqué, vous l’avez minutieusement relevée tout à l’heure. Il vous suffit désormais de la préciser en la liant à son contexte.

L’auteur

Il vous suffit de présenter l’auteur du texte et ses grandes théories/avancées. 

💡 Pour une loi, à moins d’avoir les auteurs du projet/de la proposition, n’indiquez rien. Pour un rapport parlementaire, les « auteurs » sont les « rapporteurs ».

Le type de texte juridique

Est-ce une norme juridique ? Dans ce cas, indiquez d’où elle provient : 

  • Loi codifiée (quel code) ;
  • Loi non codifiée (titre de la loi, son numéro) ;
  • Décret/arrêté (titre, numéro).

C’est un article de doctrine ? Précisez-le et rappelez sa source.

C’est un rapport parlementaire (ou autre) ? Précisez de quelle commission il provient (Assemblée nationale ou Sénat, et svp, mettez les majuscules au bon endroit) et sur quel(le) projet ou proposition de loi il porte (c’est un peu son « titre ») et par qui il/elle a été présenté(e).

Le thème

Enfin vous allez pouvoir mettre en évidence le thème sur lequel porte le texte. Inutile de développer les enjeux pour l’instant. Établissez simplement le sujet dont il traite.

Par exemple, les rapports président/Premier ministre ou encore l’imposture de Lockhart. 

commentaire de texte en droit

Bloc 2. La situation du texte : « POURQUOI CE TEXTE »

Réponse à la question en le contextualisant avant d’en soulever les enjeux (son intérêt !).

La contextualisation du texte juridique

Il s’agit simplement de mettre de l’ordre dans ce que vous avez établi au brouillon pour les utiliser. Objectif, raconter l’histoire du texte, donner envie au correcteur d’apprendre à le connaître et de faire un bout de chemin dans la vie avec lui (et pourquoi pas for ever même ? Soyez de bons narrateurs !)

  • Il se peut que vous ayez déjà commencé la contextualisation en présentant la date/l’auteur/l’article.

Et oui, une introduction n’est pas une suite de cases accolées les unes aux autres. C’est un ensemble fluide qui permet de séduire l’interlocuteur. Il est donc évident que vous contextualisez en présentant.

💡Si c’est un commentaire d’article, pensez à présenter les réformes qu’il a subies

Par exemple, on pense à l’article 6 de la Constitution. Il a été l’objet de plusieurs modifications, intéressant d’en faire part si on vous demande de commenter sa version actuellement en vigueur. On passe d’un président élu pour 7 ans par un collège électoral à du suffrage universel direct pour 5 ans et renouvelable une seule fois. Pas mal, non ? 


  • En dehors de ces composants élémentaires Watson, il est possible d’établir le contexte économique/politique/social si le texte s’y prête.

Et comment ? Les dates, toujours ! On vous a dit qu’elles étaient primordiales !

Les enjeux soulevés par le texte juridique

C’est certainement l’un des éléments les plus fondamentaux de l’introduction. Ceux qui vous permettront de dégager une bonne problématique juridique.

Pourquoi l’auteur a-t-il écrit ce texte ? Qu’a-t-il énoncé ou dénoncé ? Qu’a-t-il voulu préciser, contester ou apporter ?

C’est ce que vous devez mettre en évidence lorsque vous établissez les enjeux. En définitive, pourquoi ce texte est-il intéressant par rapport au Droit ? 

Vous voyez, il est important d’avoir au préalable recherché les mots-clés et expressions dans votre cours, sinon, vous pouvez difficilement le préciser.

Bloc 3. La construction du raisonnement : « QUOI TIRER DE CE TEXTE »

C’est l’étape la plus essentielle. Celle qui vous permettra de construire votre devoir en réfléchissant aux enjeux précédemment dégagés. Vous allez problématiser et répondre au questionnement.

La problématisation du devoir à partir du texte juridique

Et oui, à partir de ! Parce qu’il faut évidemment faire un lien avec le cours. Sinon, ça n’est pas un commentaire, mais du recopiage de texte. 

Devinez quoi ? Vous n’allez ni à la fac pour recopier des articles ni pour réciter des fables ! Vous êtes ici pour apprendre à raisonner.

C’est pourquoi il faut établir le problème que soulève le texte par rapport au Droit. Et celui-ci, vous le trouvez dans vos cours (pas sur internet, non !) que vous liez au texte.

Par exemple, si l’auteur met en évidence les rapports président/Premier ministre, selon le texte, la problématique qu’il a voulu soulever sera sûrement de savoir si l’exécutif bicéphale est bel et bien dyarchique sous la Ve République. Évidemment, ce n’est pas toujours le cas. 

La problématique est tirée du texte et précisée à l’aide du cours.

Dans le texte de E. Balladur, la problématique aurait pu être celle de savoir si la cohabitation était une situation conforme au texte constitutionnel.

Les axes du plan du commentaire de texte en Droit

Comme en dissertation, le plan est une réponse en 2 temps (2 parties composées de 2 sous-parties) à la problématique tout juste dégagée.

Le devoir se présente ainsi :

I. PARTIE 1

A. SOUS-PARTIE 1

B. SOUS-PARTIE 2

II. PARTIE 2

A. SOUS-PARTIE 1

B. SOUS-PARTIE 2

Pour dégager ce plan, un va-et-vient entre le cours et le texte est indispensable. Sinon c’est du hors sujet. Un commentaire n’est ni de la paraphrase ni une dissertation



Impossible d’étayer la théorie selon laquelle Lockhart est un escroc sans connaître les éléments moraux et matériels de ce délit ? L’escroquerie est un délit prévu par l’article 313-1 du Code pénal. 

Pour parvenir à faire un bon commentaire de texte juridique, du passage dans lequel il est établi que le professeur Lock’ s’est attribué le mérite de ce que d’autres sorciers ont fait, il sera important de faire le lien avec le cours ! 

Sinon, vous allez juste nous ennuyer. On veut un devoir envoûtant !



❌ Les I/II ne doivent pas être des parties de cours en lien avec le thème.

✅ Les deux grandes parties sont à tirer du texte directement. Ensuite, pour vos A/B, revenez aux mots-clés dégagés et liez-les à ces deux axes

Vous aurez naturellement des sous-parties qui vont apparaître. Si ce n’est pas le cas, c’est que vos connaissances sur le sujet sont insuffisantes.

❌ Les A et B ne doivent pas être des parties de cours non plus. Il faut impérativement que les éléments soient appuyés SUR ou PAR le texte.

L’annonce du plan du commentaire de texte juridique

Encore de l’élémentaire ici : il faut répondre à la problématique en une phrase fluide.

“Si la question se pose de savoir si le professeur Lockhart peut réellement être qualifié d’escroc, la réponse pourrait être « Gilderoy a usé d’une fausse qualité (I) trompant ainsi le plus grand directeur de tous les temps au détriment d’une école entière (II).” 

❌ S’il vous plaît, faites disparaître les “dans un premier temps” et “dans un second temps”. Ça alourdit.

✅ Ces éléments de réponse sont à trouver dans le texte, mais être liés au cours



EXEMPLE

On sait que Lockhart s’est “attribué le mérite de ce que d’autres sorciers ont fait” (I, fausse qualité, art. 313-1 C. pén.) ce qui lui a permis de devenir professeur de défense contre les forces du mal à Poudlard. L’année, justement, où il aurait fallu une personne réellement capable de défendre l’école contre le souvenir de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. 

Vous rendez-vous compte… À quel point, c’est grave ? (II, au détriment d’un tiers, art. 313-1 C. pén.)



Rédiger son commentaire de texte en Droit

C’est seulement lorsque l’intégralité des étapes précédentes (réflexion générale + étapes de l’introduction) a été réalisée que vous allez pouvoir écrire ! Enfin !

Et pas n’importe comment, en respectant les exigences de fond et de forme pour rendre votre devoir attirant !

Les exigences de fond : comment présenter une argumentation juridique ?

  • Citer le texte → vous évite le hors sujet/la récitation de cours.

Le texte vient appuyer VOTRE démonstration. Vous le commentez pour appuyer VOTRE idée, VOTRE point de vue JURIDIQUE (que vous le trouviez bien écrit ou inintéressant, nous n’en avons cure !).

  • Expliquer le texte → il faut donner un sens au propos de l’auteur par rapport au Droit.

Expliquez donc le passage cité, sans le paraphraser. Il faut l’appuyer sur le Droit.

  • Argumenter en illustrant avec des fondements juridiques → une idée + une illustration juridique (article/jurisprudence/doctrine, etc.)

Vous commentez, donc appréciez de manière critique le contenu. 



Vous avez forcément des idées juridiques à développer à propos de la situation de Lockhart. Son imposture peut-elle réellement être caractérisée comme une escroquerie ? Qu’en pensez-vous par rapport aux éléments constitutifs établis dans le texte ? 


Les exigences de forme : comment présenter ses idées ?

Les titres, la conclusion et la forme du devoir ? On vous dévoile tout.

Comment formuler ses titres en commentaire de texte ?

Les intitulés doivent être qualifiés dans le sens du texte et du cours. Vous voulez conquérir, l’étape de la séduction a été validée en intro. 

Pour y parvenir, l’idée centrale doit être comprise à la lecture du titre. 

Alors, pour créer des intitulés captivants

  • Intégrer des adjectifs qualificatifs, des substantifs ou des adverbes → ils doivent aller dans le sens des idées de l’auteur ;
  • N’abusez pas des adjectifs/adverbes au risque de faire des titres lourds ;
  • Privilégiez la simplicité. Un titre court vaut mieux qu’un titre-paragraphe. Plus c’est long, moins c’est bon. On ne vous suivra pas, on ne comprendra pas votre idée ;
  • Un titre traduit une idée. Évitez les conjonctions de coordination “ET/OU” ;
  • La ponctuation doit être utilisée avec modération (notamment les “?” qui sont à éviter si possible. Les “!” à proscrire).

💡Les titres doivent être apparents

❌ I. L’erreur/II. La détermination de l’erreur

❌ I. Les pouvoirs du Président de la République  /II. Le statut du Président de la République

❌ I. Le recrutement de G. Lockhart/II. L’incompétence de G. Lockhart

Pas trop envie d’en savoir plus, n’est-ce pas ? Ces intitulés manquent de saveurs. On n’a pas vraiment envie d’y goûter.

✅ I. La subordination du Premier ministre hors cohabitation / II. L’encadrement de la hiérarchie présidentialiste par la cohabitation

Plus intéressants. On veut savoir où vous allez mener la barque et partager cette aventure à vos côtés.

commentaire de texte juridique
Comment conclure en commentaire de texte ?

Et la conclusion ? On vous facilite les choses : pas de conclusion en Droit. Le contenu de votre devoir doit se suffire à lui-même pour ne pas avoir à récapituler. 

Comment présenter son devoir ?

Les développements se présentent comme suit :

  1. TITRE 1 COURT, EXPLICITE, CLAIR, QUALIFIÉ

Chapeau introductif des A et B

A. TITRE IA COURT, EXPLICITE, CLAIR, QUALIFIÉ

  1. Idée 1
  2. Idée 2
  3. Idée 3

💡Le nombre d’idées peut varier. Cependant, il faut garder un certain équilibre dans le devoir

Transition

💡Comment faire une phrase de transition ? Un rappel de ce qui vient d’être énoncé en lien avec ce que vous allez développer. Vous mettez en avant l’idée principale de la suite des développements.

Elle permet de passer d’une partie à l’autre.


PAR EXEMPLE

✅ « Gilderoy Lockhart a fait usage d’une fausse qualité, l’établissement d’un préjudice causé aux tiers aboutira à la caractérisation du délit d’escroquerie. »

⚠️En réalité, il faut nuancer, ces éléments seuls ne suffisent pas à caractériser l’infraction d’escroquerie. Mais nous voulions illustrer.



B. TITRE IB COURT, EXPLICITE, CLAIR, QUALIFIÉ

  1. Idée 1
  2. Idée 2
  3. Idée 3

Transition

  1. TITRE 2 COURT, EXPLICITE, CLAIR, QUALIFIÉ

Chapeau introductif des A et B

  1. TITRE IIA COURT, EXPLICITE, CLAIRE, QUALITÉ
  1. Idée 1
  2. Idée 2
  3. Idée 3

Transition

B. TITRE IIB COURT, EXPLICITE, CLAIR, QUALIFIÉ

  1. Idée 1
  2. Idée 2
  3. Idée 3

PAS DE CONCLUSION 

À côté de ces éléments, le devoir doit être bien rédigé

  • Aéré avec des alinéas et des sauts de ligne ; 
  • Soigné dans l’écriture, la syntaxe, l’orthographe et la typographie ;
  • Intéressant dans ses titres et son introduction ;
  • Percutant par sa problématique ;
  • Exhaustif sur le fond en restant synthétique, inutile de raconter la vie de Lockhart, ça n’apportera pas de plus-value et on vous perdra en route.

Vous avez fait 95 % du travail ! Bravo. Votre commentaire de texte juridique est terminé ! Votre œuvre, pas complètement. Il faut passer à la relecture.

Le commentaire de texte comparé

Histoire du Droit ou Droit constitutionnel, les correcteurs peuvent vous imposer un commentaire de texte comparé. Quelle est cette lubie, nous direz-vous ? 

Rien de plus fantastique que de pouvoir mettre en perspective deux écrits pour les rapprocher et les éloigner. L’exercice ne change pas fondamentalement de toute la méthodologie du commentaire de texte juridique tout juste exposée.

Il s’agira de dégager les ressemblances et les différences entre les enjeux soulevés par les différents documents. Vous le comprenez : il ne s’agit pas de commenter l’un dans le I et l’autre dans le II. Ce serait bien trop facile !

Relire son commentaire de texte en Droit

Cette étape est primordiale si vous voulez maximiser vos chances de décrocher une bonne note !

La méthodologie juridique vous guide dans une discipline de l’écrit. N’y laissez pas traîner des coquilles. 

Vous devez garder au moins 15 minutes pour relire avec minutie, à la loupe de Holmes.

Réussir son commentaire de texte en Droit : les 4 erreurs à ne plus reproduire

  • Ne vous contentez pas de citer le texte ;
  • Ne dissertez pas (apporter un point de vue juridique “personnel” en laissant le texte de côté) ;
  • Ne récitez pas votre cours sans faire de lien avec le texte : il ne s’agit pas ici de faire un exposé de vos connaissances, mais de les mobiliser pour raisonner autour du texte.
  • Ne tombez pas dans la paraphrase (décrire ou redire le texte sans rien apporter de nouveau) 

Comment gérer son temps pour un commentaire de texte en Droit ?

Partons sur un examen de 3 h. Vous voulez réussir vos partiels, obtenir de bonnes notes. Comment y arriver si le temps n’est pas exploité correctement ? Pour éviter les contretemps, voici de précieux conseils : 

Les étapes de préparation et d’introduction se passent au brouillon et vous prennent 1 h 15 à 1 h 30 (il faudra évidemment établir le plan détaillé !) ;

Vous rédigez ensuite le contenu pendant 1 h à 1 h 15 ;

Vous relisez pendant 15 minutes.

Des exemples de commentaires de textes en Droit 

Parce que sans entraînement la méthodologie juridique n’a pas d’utilité, voici des exemples de commentaires de texte en Droit

Que vous soyez en L1, L3 ou même master Droit, vous pouvez profiter de ces exemples de commentaires de textes juridiques.

Commentaire de texte en Droit civil

  • Commentaire de l’article 9 du Code civil

Commentaire de texte en Droit des obligations

  • Commentaire de l’article 1108 ancien du Code civil.
  • Commentaire comparé des articles 1108 ancien et 1128 nouveau du Code civil

Commentaire de texte en Droit constitutionnel

Commentaire de l’extrait suivant de Marie-Claire PONTHOREAU, « Le Président de la République. Une fonction à la croisée des  », Pouvoirs, novembre 2011, n° 99, pp. 33-44, (extrait). 

Parce que le chef de l’État est investi du pouvoir d’État, il peut continuer à assumer ses responsabilités en période de cohabitation. Cette doctrine du pouvoir d’État établie par Georges Burdeau aux débuts de la Ve République, pour expliquer la réconciliation entre l’autorité et la démocratie dans la nouvelle Constitution, a été reprise en particulier par Jean-Louis Quermonne, dans le but de contester la thèse d’un effacement présidentiel en cas de victoire législative de l’opposition. Le président est en charge de l’avenir de la Nation au nom du pouvoir d’État, “concept associant, au service du pouvoir présidentiel, l’appareil gouvernemental, administratif, militaire et judiciaire de l’État à un large consensus populaire”. Cette position doctrinale a été ralliée par bon nombre de constitutionnalistes.

Le Président puise donc ses ressources dans la seule Constitution. En particulier, son pouvoir ne se traduit plus seulement par la décision, mais aussi par l’empêchement. Surtout, l’article 5 constitue, en période de cohabitation, l’ultime rempart du pouvoir présidentiel. L’ambiguïté de cette disposition, maintes fois soulignée, n’empêche pas cependant la doctrine de s’accorder pour y voir le fondement de la primauté présidentielle. Or, le chef de l’État s’en sert pour asseoir ses prérogatives et notamment sa qualité de gardien de la Constitution. Ainsi François Mitterrand affirma-t-il dans son message adressé au Parlement le 8 avril 1986 : « La Constitution, rien que la Constitution, toute la Constitution. »

Pourtant, son interprétation ne s’impose que si elle ne s’oppose pas aux compétences que la Constitution attribue à d’autres organes de l’État, à moins que le Président n’arrive à se les subordonner. La fonction présidentielle n’est pas ressortie affaiblie par les deux premières cohabitations, car le détenteur de la fonction et les prétendants à la fonction se sont accordés pour la préserver. 

Commentaire de texte en Droit administratif

  • Commentaire de cet extrait de l’article L. 221-1 du Code de la sécurité intérieure : 

Sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes, et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique.

Toutefois, sont dispensées de cette déclaration les sorties sur la voie publique conformes aux usages locaux.

Conclusion sur le commentaire de texte

Qu’il s’agisse de Droit public, de Droit privé et même de Droit international, vous savez désormais comment faire un commentaire de texte juridique grâce à cette méthodologie juridique détaillée.

Plus qu’à vous entraîner !

PS : Pensez à passer vos copies dactylographiées de commentaire de texte juridique en PDF. Tous les correcteurs n’ont pas « .pages » !

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Un commentaire

  1. MAIGA Boukary dit :

    bonsoir, merci beaucoup car j’ai apprécié !

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